Histoire

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Histoire du monument

Êtes-vous déjà allés à Carcassonne ? Avec son château et ses remparts, la cité semble tout droit sortie d’un roman de fantasy médiévale. Remontez le temps à la découverte de l’histoire du plus formidable ensemble fortifié d’Europe !

Au cœur de l’histoire de Carcassonne, spectaculaire cité médiévale

Aux origines de la cité

L’histoire de Carcassonne commence sur le site de Carsac, à 2 kilomètres au sud-ouest de la ville actuelle. Là, les archéologues ont trouvé des traces d’habitat datant de 800 ans avant notre ère ! Vers -550, ce premier « village » donne naissance à l’oppidum   de Carcaso. Son avantage ? Offrir une vue dégagée sur la plaine environnante et le fleuve Aude. Une situation idéale en cas d’attaque !

Carcaso devient une étape incontournable sur la route qui relie Narbonne à Bordeaux. Conquise par les Romains en - 122, elle va prospérer grâce au commerce du vin. Des vestiges de poteries étrusques et grecques le confirment : la cité gallo-romaine est au cœur des échanges marchands de la région.

Paranorama cité de Carcassonne
La Cité de Carcassonne et son décor de conte de fées

© Geoffroy Matthieu / Centre des monuments nationaux

L'essor de Carcassonne au Moyen Âge

Au IIIe et au IVe siècles, une première vague d’invasions des peuples germaniques fait vaciller l’Empire romain. Carcaso se dote alors d’une enceinte, longue de 1 200 mètres. Au Ve siècle, de nouvelles attaques conduisent à la fondation du royaume wisigoth d’Aquitaine. La cité est occupée, puis à nouveau attaquée, en 725 par les Omeyyades  , et en 759 par les Francs. Ce dernier épisode inspira la légende de Dame Carcas, protectrice de la cité.

En 888, la mort de Charles le Gros marque la fin de l’empire carolingien et la montée en puissance des seigneurs locaux. En 1067, le comté de Carcassonne devient la possession de Raimond-Bernard Trencavel, vicomte d’Albi et de Nîmes. C’est le début d’une dynastie qui va marquer l’histoire de la ville.

Visite cité médiévale de Carcassonne
Découverte du front ouest de la cité de Carcassonne

Laurent Gueneau / Centre des monuments nationaux

La Maison des Trencavel, seigneurs de Carcassonne

Au XIe siècle, Bernard Aton IV, fils de Raimond-Bernard, réunit les territoires hérités de son père et de sa mère, dominant ainsi le Bas Languedoc. À Carcassonne, les Trencavel ordonnent la construction de la basilique Saint-Nazaire et Saint-Celse, qui débute en 1096. Ils font aussi bâtir un palatium, vers 1130, qui devient la demeure seigneuriale. Il sera à l’origine du futur château comtal !

Pour la ville, c’est une période d’abondance et d’expansion, avec la création de plusieurs faubourgs. C’est aussi une période d’indépendance, pendant laquelle les Trencavel s’imposent face aux comtes de Toulouse et de Barcelone, leurs puissants voisins. Cette époque prend fin en 1209, avec le début de la croisade contre les Albigeois.

Château comtal Carcassonne
Le château comtal construit au XIIe siècle

© Geoffroy Mathieu / Centre des monuments nationaux

Au cœur du pays cathare

Pour bien comprendre les enjeux de cette croisade, arrêtons-nous un instant sur ce qu’est le catharisme. Ce mouvement chrétien, apparu en Europe au XIIe siècle, rejette l’Église romaine, qu’il accuse de ne pas respecter les idéaux du Christ. Dans le sud de la France, quatre Églises adoptent cette doctrine : Albi, Val d’Aran, Toulouse… et Carcassonne.

En 1209, le pape Innocent III lance une croisade contre ces « Albigeois » hérétiques, avec le soutien du roi Louis VIII. Assiégée, la cité de Carcassonne tombe au bout de 15 jours de siège, le 15 août 1209. Raimond Trencavel est vaincu par Simon de Montfort, chef militaire de l’expédition, qui s’empare de la place. Dix-sept ans plus tard, en 1226, Carcassonne est rattachée au domaine royal français. La croisade, elle, s’achèvera en 1229.

Entrée du château comtal de Carcassonne depuis la porte de l’est

© Geoffroy Mathieu / Centre des monuments nationaux

Une place-forte au système de défense exceptionnel

En 1240, Raimond Trencavel tente de reprendre ses terres avec l’appui de certains faubourgs, sans succès. En représailles, Louis IX fait raser les habitations des traîtres, qui doivent s’installer sur l’autre rive de l’Aude. Carcassonne se dédouble : sur la rive droite, se tient la cité médiévale, tandis que sur la rive gauche, un nouveau bourg apparaît. C’est la naissance de la bastide   Saint-Louis !

C’est au XIIIe siècle, que la ville prend l’aspect que nous lui connaissons aujourd’hui. L’ancien palais des Trencavel devient un château comtal, tandis qu’une seconde enceinte de 1 600 mètres vient doubler le rempart gallo-romain. Sous les règnes de Philippe III le Hardi et de Philippe IV le Bel, les fortifications se modernisent. Les murailles sont équipées de meurtrières pour le tir à l’arbalète et de nouvelles portes sont érigées, dont la monumentale Porte Narbonnaise. Désormais, Carcassonne est réputée imprenable.

Entrée du château comtal de Carcassonne
Le château comtal au cœur de la cité fortifiée

© Geoffroy Mathieu / Centre des monuments nationaux

Une longue période de déclin

La ville est maintenant un centre politique, administratif et militaire. Elle est aussi un poste de défense stratégique depuis 1258 et le Traité de Corbeil, qui place la frontière entre la France et l’Aragon à proximité. En 1659, le Traité des Pyrénées met fin à la guerre franco-espagnole, commencée en 1635. Avec le déplacement de la frontière vers le sud, Carcassonne perd son statut privilégié.

Quand arrive le XIXe siècle, son ancienne puissance n’est plus qu’un souvenir lointain. Napoléon la fait même rayer de la liste des places-fortes en 1804. Des habitations misérables sont bâties entre les lices  , prenant appui sur l’enceinte intérieure. Laissées à l’abandon, ses murailles sont démantelées pour être vendues par morceaux aux maçons locaux…

Coucher de soleil Carcassonne
La cité de Carcassonne s’embrase au soleil couchant

© Geoffroy Mathieu / Centre des monuments nationaux

Une renaissance signée Viollet-le-Duc

Il faudra attendre 1840 pour que la cité de Carcassonne retrouve ses lettres de noblesse. Cette année-là, l’historien et archéologue carcassonnais Jean-Pierre Cros-Mayrevieille, obtient le classement de la basilique en tant que monument historique. Par la suite, Prosper Mérimée, inspecteur national des monuments historiques, se rend sur place. Il dresse un état des lieux des travaux nécessaires et en confie la direction à Eugène Viollet-le-Duc.

Ce dernier restaure d’abord la basilique Saint-Nazaire, réputée pour ses vitraux flamboyants. Puis, il fait consolider les parties hautes de l’architecture militaire gallo-romaine et médiévale. Commencé en 1853 et achevé en 1911, cet immense chantier de restauration a rendu sa splendeur d’antan à la cité médiévale. Aujourd'hui, vous êtes près de 4 millions chaque année à venir la visiter !

Avec son château et ses remparts, la cité de Carcassonne est une merveilleuse découverte. Que diriez-vous d’aller admirer le panorama depuis son chemin de ronde ?

Basilique Saint-Nazaire Carcassonne
La Basilique Saint-Nazaire conjugue style gothique et roman

© Patrick Cadet / Centre des monuments nationaux